AGRANDIR L'USINE DE PRODUCTION: RENOVATION OU CONSTRUCTION NEUVE?
Peser les pour et les contre
Les succès commerciaux des produits de marque ou le lancement de nouveaux produits demandent souvent une hausse de la capacité de production et une extension de l'usine existante. Par ailleurs, on peut imaginer d'autres raisons diverses justifiant une mise à jour du site de production. Dans chacun de ces cas, il convient d'évaluer le bien-fondé d'une rénovation ou d'une nouvelle construction. Un choix que vous devrez faire sur base des pour et des contre liés aux deux possibilités.
CHOISIR LA RENOVATION

L'industrie de l'alimentation est confrontée à des comportements de consommateur changeants, des adaptations à la législation existante, de nouvelles idées et tendances, des évolutions technologiques et de nouvelles technologies de processus. Les responsables dans l'entreprise ont pour mission de suivre constamment et d'implémenter ces modifications dans l'usine, afin qu'elle reste focalisée sur le consommateur, économe en énergie, écologique et performante du point de vue opérationnel. Cependant une usine de production existante ne sera pas vite abandonnée en raison des faibles marges bénéficiaires mais sera rénovée tant que toutes les exigences mentionnées peuvent être respectées.

Bâtiment existant
Les établissements de production subissent aussi le vieillissement, ce qui nécessite des réparations régulières. Cependant des parties d'une usine existante peuvent encore être d'excellente qualité, si bien que cela vaut la peine de rénover au lieu de construire à neuf. Parfois des bâtiments anciens sont mieux construits que des nouveaux. L'essentiel est que le bâtiment existant soit suffisamment solide pour abriter de nouveaux appareils plus lourds. Il doit donc disposer de fondations solides, de contreforts intacts et de murs offrant la portance exigée. On ne doit pas non plus rencontrer des problèmes de fuites sur les toits, un écoulement de conception non hygiénique avec un débit insuffisant ou une construction avec des éléments constructifs contaminés par des microbes (p.ex. Listeria dans l'isolation).
Permis et coûts
Dans la construction neuve, les permis de construction et d'environnement doivent être obtenus, ce qui n'est pas toujours évident à une époque où des tiers (p.ex. riverains, activistes écologistes) déposent fréquemment des recours. Les permis pour rénovations sont attribués plus vite sans la moindre réclamation de tiers. Les travaux de réparation sont démarrés et exécutés plus rapidement, surtout quand les éléments constructifs nécessaires (p.ex. fondations, murs …) sont déjà présents. Ceci permet souvent à l'entreprise de commercialiser plus vite un nouveau produit de marque afin de générer un plus grand chiffre d'affaires et bénéfice. L'utilisation des éléments de structure et d'infrastructure existants permet aussi d'abaisser les coûts d'investissement.
Localisation
Les entreprises d'alimentation choisissent aussi parfois la rénovation quand l'établissement de production existant occupe une position stratégique: accès facile, proche des fournisseurs, clients et distributeurs, sur un emplacement permettant de diminuer les frais de transport, ou à proximité de centres de connaissances et d'un personnel bien formé. Lorsque l'usine approche la fin de sa durée de vie, on opte finalement pour le départ vers un site dans le même quartier. C'est possible quand un chef d'entreprise visionnaire mène une politique proactive, caractérisée par l'achat d'une parcelle de terrain industriel ou un nouveau bâtiment dans une nouvelle zone industrielle toute proche. Un bon chef d'entreprise doit garder une vision de l'avenir en anticipant les opportunités au cours de la durée de vie de l'usine existante. Sur le marché immobilier, de bonnes affaires peuvent parfois être faites. Un bâtiment existant et récemment érigé peut être d'excellente qualité et mis en vente parce que le propriétaire précédent a fait faillite.
Situation familière
Un autre élément qui joue est la familiarisation avec les installations existantes. En tout cas, la construction neuve apporte des nouveautés. Là où tout se faisait manuellement dans l'usine existante, tout peut être automatisé dans le nouveau bâtiment. Ceci peut exiger d'autres aptitudes du personnel et l'employeur peut rencontrer des problèmes d'utilisation de son personnel actuel. Dans le pire des cas, il faut licencier et engager de nouveaux travailleurs possédant les bonnes compétences. Et on perd l'expérience des personnes licenciées, tandis que le nouveau personnel sans expérience doit être formé. La construction neuve comporte aussi des nouveautés pour les fournisseurs, distributeurs et sous-traitants. Après une rénovation, chacun reste justement familiarisé avec l'équipement existant et son emplacement au sein de l'usine existante.
Transférer la capacité
Par ailleurs, les entreprises visent l'économie d'échelle et une centralisation accrue, si bien que la capacité de production est transférée d'une usine à l'autre. Le plus souvent suit alors la fermeture et la vente du site abandonné. Le transfert de la capacité de production s'accompagne en tout cas de l'extension et de la rénovation de l'usine existante.

CHOISIR UNE NOUVELLE CONSTRUCTION
Une usine existante peut avoir connu des adaptations répétées au fil des ans afin de rencontrer les nouveaux besoins, exigences et technologies. Mais à un moment donné, on se heurte aux limites de la rénovation et on doit choisir résolument une nouvelle construction.
Contamination croisée
Typique des établissements plus anciens est le fait que les flux de produits, de personnes ou de déchets ne suivent plus le chemin le plus logique - lisez: rectiligne - et deviennent inefficaces. Couramment le résultat est une baisse de la performance opérationnelle, des coûts plus élevés et un risque accru de contamination croisée. Mais ceci ne se limite pas à la contamination des flux sensibles à l'hygiène par une 'faible hygiène'. Cela concerne aussi les flux d'air incorrects, des aliments finis étant exposés à des flux d'air fortement souillés par des microbes provenant de locaux moins hygiéniques. Dans l'usine, l'air doit s'écouler des locaux à fortes exigences d'hygiène vers les locaux à faibles exigences d'hygiène. Les équipements d'utilité publique doivent être conçus pour délivrer en premier leur vapeur, air comprimé, gaz d'alimentation, eau, etc., dans les locaux les plus hygiéniques et ensuite seulement dans les locaux aux exigences d'hygiène les plus basses. Les différentes adaptations au fil des années peuvent l'interdire.
Manque de place
Les établissements plus anciens doivent souvent être adaptés ou agrandis pour l'introduction de nouveaux appareils de production, systèmes d'automatisation, de contrôle, de télécommunication et data. Les conséquences sont toutes sortes d'annexes et le déplacement des appareils et de l'infrastructure d'utilité publique par manque de place. Le résultat est un travail d'assemblage, de collage et de virages ainsi qu'un enchevêtrement de longues conduites et câbles, entre lesquels la saleté se dépose. De longues conduites entraînent souvent une baisse de l'efficacité énergétique. Le bâtiment d'usine existant peut aussi offrir un espace insuffisant en hauteur, par exemple pour installer un système HVAC avec des conduits d'air. De plus, on note une tendance à réunir tous les systèmes contaminants dans des locaux techniques, couloirs ou faux plafonds dans lesquels on peut rester debout. Une usine qui grandit nécessite plus d'infrastructure et de dispatching. Un personnel supplémentaire exige davantage de vestiaires et de douches, de toilettes, de locaux de repos, de bureaux et de parking. En relation avec les exigences environnementales, il faut par exemple une plus grande capacité d'épuration des eaux et un parc de déchets et de recyclage supplémentaire. Tous ces investissements réclament une place accrue qui, souvent, n'existe plus sur le site existant.
Problèmes de ségrégation
Les usines existantes peuvent du reste interdire une ségrégation adéquate entre les produits pour différents groupes de consommateurs. Des exigences opposées demandent une séparation parfaite dans la partie production et emballage de l'usine mais aussi des vestiaires et douches séparés, un stockage séparé lors de la réception et de l'expédition, la séparation des installations de nettoyage ... Une parfaite ségrégation dans l'usine actuelle demande plus de place mais c'est parfois irréalisable.
Emigrer
Certaines entreprises alimentaires ont été implantées en bordure de ville il y a des décennies mais actuellement l'espace autour du site est souvent absorbé par de nouvelles habitations. L'espace de rénovation disponible se réduit et les riverains se plaignent souvent des nuisances sonores, du trafic trop important, des nuisances olfactives, des eaux usées, de l'émission accrue de vapeurs …
Trop obsolète
Les bâtiments d'usine subissent aussi l'action destructive des éléments naturels et sont confrontés à des problèmes tels qu'une forte contamination microbienne, des fissures dans les sols, une accumulation de poussière excessive, la présence d'amiante ou le mauvais état du câblage. Dans ces cas, la rénovation n'est plus une option. Les travaux de rénovation peuvent traîner trop longtemps ou entraîner une trop grande contamination, ce qui ne permet plus de produire.
Coûts
La construction neuve est aussi motivée par le facteur coûts. Les activités peuvent être si complexes et radicales qu'il est moins coûteux d'ériger un nouveau bâtiment. De plus, des avantages financiers sont associés à la nouvelle construction, sous forme d'aide ou de primes de différents pouvoirs publics. Les sites abandonnés en ville peuvent être vendus chers, ce qui peut d'auto-financer une délocalisation. La nouvelle usine peut aussi se récupérer quand elle est érigée plus près des fournisseurs ou clients. La proximité de canaux, d'autoroutes ou d'une main-d'œuvre meilleur marché peut être aussi un important déclencheur pour échanger un ancien bâtiment d'usine par une nouvelle usine.