Le xylocope violet est-il en train de se frayer un chemin dans la menuiserie belge?

L'abeille charpentière (Xylocopa violacea) est de plus en plus souvent observée en Belgique ces dernières années. Il est rare que la faune fasse l'objet d'une attention particulière dans notre magazine, mais cette espèce d'abeille solitaire d'une taille remarquable mérite que l'on s'y attarde. En effet, bien que les cas de dégâts dans notre pays restent rares pour l'instant, plusieurs cas concrets de revêtements de façades endommagés ont été signalés. Dans cet article, nous examinons de plus près le mode de vie de ces abeilles, la manière dont elles endommagent les menuiseries extérieures et ce qu'il est possible de faire pour réduire les dégâts et les risques.
Qu'est-ce que le xylocope violet?
Apparence
L'abeille charpentière est une espèce d'abeille solitaire que l'on rencontre principalement au printemps. Bien que de taille similaire à celle d'un bourdon, l'abeille charpentière se distingue facilement par son abdomen noir brillant dépourvu de poils.
Comportement
L'abeille charpentière passe l'hiver à l'état adulte dans les galeries du nid qu'elle a elle-même creusées l'année précédente. Les premiers spécimens émergent en avril et en mai, les mâles apparaissant généralement en premier. Ils sont reconnaissables à la tache blanche qu'ils portent sur le devant de la tête. Bien qu'ils n'aient pas de dard, ils ont un comportement territorial frappant: ils 'attaquent' les autres abeilles ainsi que les personnes qui s'approchent de leur zone de nidification. Les femelles peuvent piquer, mais elles le font rarement - uniquement lorsqu'elles sont piégées ou sérieusement dérangées.
Contrairement aux abeilles à miel ou aux bourdons, les abeilles charpentières ne forment pas de colonies. Elles sont solitaires: pas d'ouvrières, pas de reine, pas de ruche. Après l'accouplement, les femelles travaillent toutes seules. Elles vivent de nectar et, après quelques semaines, elles commencent à creuser une nouvelle galerie dans le bois - souvent dans des bardages existants, des auvents ou du bois de jardin.

Galeries de nidification dans le bois
En général, l'entrée d'une galerie de nidification est parfaitement ronde. Le xylocope violet commence par forer le bois perpendiculairement sur quelques centimètres, avant de tourner brusquement et de continuer dans le sens des fibres du bois. Ces galeries mesurent en moyenne 15 à 20 cm de long, mais des cas de tunnels de plus de 30 cm ont été observés. Il arrive que plusieurs abeilles utilisent le même accès, après quoi chacune creuse son propre canal latéral. Si l'ouverture d'un nid est réutilisée chaque année, des tunnels d'un mètre de long peuvent apparaître dans le bois, avec toutes les conséquences structurelles que cela implique.
À l'intérieur de la galerie, la femelle recueille du pollen qu'elle mélange à du nectar pour former une boulette nutritive. Elle y pond un œuf et scelle le compartiment avec une cloison de particules de bois finement broyées, une sorte de 'pâte de bois'. Ce processus se répète jusqu'à ce que l'ensemble de la galerie soit divisée en cellules distinctes, généralement six ou sept, en fonction de l'espace disponible.

L'abeille adulte meurt au bout de quelques semaines, mais le cycle se poursuit. Les larves éclosent après quelques jours seulement, achèvent leur développement en cinq à sept semaines et quittent le nid en tant qu'abeilles adultes à la fin de l'été. Pendant cette période, elles restent actives dans l'environnement et se nourrissent de pollen. Les abeilles ne creusent plus de nouvelles galeries, mais elles nettoient les anciens tunnels, qui servent à nouveau de sites d'hivernage plus tard dans l'année.
L'abeille cause-t-elle des dommages structurels?
Bien qu'il soit rare qu'une seule abeille charpentière cause des dommages structurels importants, la situation change rapidement lorsque plusieurs abeilles continuent à creuser activement des galeries dans le même élément en bois au cours des années suivantes. Lorsque plusieurs générations réutilisent le même endroit, le bois peut s'affaiblir considérablement au fil du temps, en particulier dans les éléments porteurs ou de faible épaisseur, tels que les bardages.
La présence de taches brun-jaune sous les ouvertures du nid permet de savoir si cette abeille utilise les tunnels fréquemment. Cette décoloration est due au fait que l'abeille rejette ses excréments juste avant de s'engouffrer dans le tunnel. Les taches visibles sont une indication claire des zones de nidification actives et peuvent être gênantes d'un point de vue esthétique, en particulier sur les menuiseries visibles ou le bois de façade fini.

Risques secondaires
La présence d'abeilles charpentières présente un risque supplémentaire: elles attirent les pics. Ces oiseaux sont entraînés à détecter les larves et peuvent ouvrir le bois à coups de bec agressifs. Cela peut entraîner des dégâts visibles et un affaiblissement de la structure, en particulier dans le cas de panneaux de bois minces.
L'humidité constitue également un réel danger. Les ouvertures percées dans les nids permettent à l'eau de pluie de pénétrer facilement, ce qui peut augmenter considérablement le risque de pourriture du bois et d'attaque fongique. Lorsque le bois commence à s'altérer, il crée également un terrain de reproduction idéal pour des infestations secondaires telles que les fourmis des bois et d'autres insectes qui profitent des dégâts existants.
Cela signifie qu'une détection précoce de l'activité des abeilles charpentières - et une prévention ciblée - est essentielle pour éviter les dommages à long terme. Un suivi régulier n'est pas un luxe, en particulier dans les projets comportant des éléments ou des revêtements en bois apparents.
Signalements et propagation en Belgique
L'abeille charpentière n'est pas encore en expansion en Belgique, mais on la repère déjà. Nous avons connaissance de plusieurs cas de dégâts, dont un bardage de façade en ayous où une abeille charpentière était active. Les dégâts se produisent principalement dans les endroits exposés au sud et abrités, comme les bardages en bois, les planches de terrasse, les pergolas ou d'autres boiseries extérieures.
Le bois modifié thermiquement ou chimiquement semble être particulièrement vulnérable. Le processus de modification rend le bois plus fragile, ce qui permet à l'abeille de ronger plus facilement le matériau.
Bien qu'il n'y ait pas de chiffres exacts, les rapports des agences pour la nature et des organisations telles que Hout Info Bois et Wood.be indiquent que la présence de l'espèce n'est plus une exception dans notre pays. L'Institut flamand de l'apiculture a fait état de 9 observations en 2015, mais parle de dizaines d'observations ces dernières années. C'est surtout en Wallonie et dans la région frontalière avec la France que les observations sont fréquentes.

Prévention
Les dégâts causés par l'abeille charpentière sont principalement structurels. Les galeries peuvent affecter les éléments porteurs ou provoquer une usure prématurée des bardages. De plus, si les galeries sont réutilisées, il est difficile de rompre le cycle.
Un commentaire de Wood.be l'explique comme suit: "Compte tenu de la taille des galeries et du grand nombre de tunnels qui peuvent se côtoyer, l'abeille charpentière peut causer des dommages importants. L'application d'un insecticide de contact curatif est certainement appropriée dans ce cas. Et s'il y a eu des cas d'abeilles charpentières dans les environs immédiats, un traitement préventif est fortement recommandé".
Quelques mesures préventives:
Traiter le bois
Les bois tendres et non protégés comme l'épicéa et le pin sont des sites de nidification particulièrement appréciés. Pour empêcher les abeilles de percer les éléments en bois, il est important de traiter correctement toutes les surfaces.
Enlever le vieux bois
Il peut également être utile d'éliminer le bois altéré ou pourri autour du bardage. Ce bois attire les abeilles et augmente le risque d'infestation.
Remèdes naturels
Les abeilles charpentières étant d'importants pollinisateurs et jouant un rôle utile dans l'écosystème, les insecticides ne devraient être utilisés qu'en dernier recours.
Toutefois, il existe des solutions simples à réaliser soi-même pour repousser les abeilles charpentières:
- Utilisez des parfums d'agrumes, elles les détestent;
- Évitez les plantes qui attirent les abeilles (par exemple la lavande) autour du bois;
- L'huile d'amande fonctionne de la même manière que les agrumes, en tenant les abeilles à distance;
- Faux nids: les abeilles charpentières n'aiment pas établir leur nid à proximité des guêpes. La fabrication d'un faux nid de guêpes peut donc s'avérer utile: remplissez un sac en papier d'air, fermez-le et suspendez-le près des endroits à risque. Non seulement cela décourage la création de nouveaux nids, mais cela repousse également les abeilles présentes.

Traiter et colmater
Des trous, et donc des tunnels, sont déjà présents? Dans ce cas, vous pouvez les colmater pour éviter qu'ils ne s'agrandissent. Les abeilles qui passent l'hiver dans les galeries les quittent généralement au printemps pour s'accoupler, tandis que les nouvelles abeilles n'apparaissent qu'à la fin de l'été.
Veillez donc à choisir le bon moment pour ne pas piéger les abeilles dans le revêtement de façade. Remplissez ensuite les tunnels vides avec de la laine d'acier ou de la pâte à bois, terminez avec un enduit et peignez ou vernissez la surface pour la sceller définitivement.
Quand faut-il faire appel à un professionnel?
En cas d'infestation d'abeilles à grande échelle, ou si vous n'osez pas le faire vous-même, il est judicieux de faire appel à un professionnel. Un spécialiste de la lutte contre les nuisibles possède les connaissances, les ressources et les techniques nécessaires pour lutter efficacement et en toute sécurité contre l'infestation - et redonner au client la tranquillité d'esprit.
Vous avez repéré un xylocope violet?
Pour signaler vous-même la présence d'un xylocope violet, envoyez des photos et des explications à keb@pmg.be