Comment éviter les accidents autour de la fosse de travail ?

Malgré la réalité qui veut que les ponts élévateurs soient la norme dans bien des ateliers, il semble qu’on continue d’utiliser des fosses de travail dans de nombreux cas spécifiques. Leur utilisation offre quelques avantages indéniables, d’une longue durée de vie à un faible coût d’entretien. Mais propre à chaque atelier est l’inéluctable question de la sécurité. Des chiffres exacts font défaut mais un tour de table révèle que plusieurs accidents graves se produisent quand même chaque année. Toutefois les règles en la matière semblent assez vagues. Quelles réponses peuvent définir un atelier moderne sur le plan sécurité? Il existe plusieurs possibilités, le choix dépend surtout des facteurs prix et fréquence d’usage de la fosse de travail.

La fosse de travail recurrente

Commençons par un constat important. Alors que dans de nombreux (la plupart?) garages/ateliers, l’utilisation du pont élévateur est devenue la norme, la fosse de travail ‘classique‘ reste récurrente, du moins pour tout ce qui peut être décrit comme matériel plus lourd. Les garages de camions, par exemple, ou ceux qui ont une activité mixte qui nécessite aussi de travailler sur des camionnettes notamment. D’autres ‘utilisateurs’ typiques des fosses de travail: entrepreneurs généraux, transporteurs disposant de leur propre atelier ou encore sociétés de transports publics. Leur utilisation est aussi inéluctable lors du placement d’un banc d’essai de freinage.

Différentes sortes

Si le principe est identique, il existe quand même plusieurs sortes de fosses de travail. La plus populaire est de loin celle en béton, éventuellement préfabriqué. Le grand avantage de ce dernier est la vitesse de placement. En effet, la fosse arrive prête à l’emploi dans l’atelier, ce qui limite drastiquement le temps de montage. Selon le cas, quelques jours suffisent pour finaliser le tout. Vu les différentes formes qui existent, du travail sur mesure est presque possible. Si l’on choisit l’option du coulage sur place, ceci peut vite durer quelques semaines. Il existe aussi des fosses de travail en aluminium et en plastique mais leur popularité est plus grande à l’étranger que sur le marché belge.

 
Solides avantages

Le placement d’une fosse de travail est un investissement à long terme qui, après placement, garantit des décennies d’utilisation. Les fosses de travail nécessitent peu d’entretien et ne doivent pas testées et/ou agréées à intervalles réguliers. Un autre avantage: la fosse peut être placée dans un atelier de faible hauteur; elle occupe d’ailleurs moins de surface en largeur com­parée au pont élévateur. Et ce qui est certainement utile quand la surface est limitée: en les recouvrant, on ne perd pas de surface dans l’atelier, et cela nous amène immédiatement à la question de la sécurité.

Anticiper les solutions de sécurité

L’important est, idéalement, de se poser et de répondre à la question de savoir comment sécuriser une fosse de travail – nous survolons dans un instant les différentes possibilités – dès le placement de la fosse. Si l’on se limite à une simple grille, toutes les options sont ouvertes. Mais si l’on opte pour un réel recouvrement, le placement requiert quelques interventions (p.ex. prévoir une poutre HEB 180 en bord de fosse: cela permet de placer le cric bord de fosse, le bac récupérateur d’huile et les rails de guidage du volet de couverture.)

Une fosse de travail sécurisante exige un recouvrement adéquat

squisse de la question securitaire

Cas possibles

Brève esquisse: la fosse de travail crée un vide dans le sol et un moment d’inattention suffit pour chuter. Souvent on voit encore comment les mécaniciens l’enjambent. Cependant un peu d’huile peut provoquer des glissades et les conséquences sont prévisibles.

 
Quelle est l’ampleur du problème?

Il semble qu’il n’existe pas de chiffres précis sur les accidents liés à une fosse de travail sur le marché belge. En France, ils existent bel et bien et on y compte par an 30 accidents mortels ou entraînant un handicap à vie. Plusieurs méthodes permettent d’extrapoler ce chiffre vers la réalité belge. On peut regarder la population totale des deux pays. Ou convertir les calculs en sachant qu’il y a 20.000 fosses de travail en France et au moins 8.000 en Belgique. Le fait est que les deux méthodes de calcul induisent plusieurs cas par an.

Prise de conscience

La prise de conscience du risque sécuritaire et de son évitement semble être très variable. Une table ronde nous apprend que celle-ci est surtout plus ancrée dans les structures plus grandes. Le plus souvent elle s’inscrit aussi dans une culture sécuritaire plus vaste présente ou pas dans une entreprise ou organisation. Trop souvent la survenance d’un accident déclenche un sursaut qui initie des mesures. Mais que peut-il se passer?

Sortes de recouvrement

Il existe plusieurs façons de recouvrir une fosse de travail, quoique de sérieuses questions se posent quant à leur efficacité dans certains cas. Le fait est que la réglementation sur cette protection est assez large. La question demeure de savoir si les obligations seront renforcées et/ou affinées à l’avenir. Ce n’est pas sans importance dans l’optique de la longue durée de vie d’une telle fosse de travail.

Du tapis au recouvrement statique

Il existe des systèmes de tapis ou de matelas pneumatiques censés éviter les accidents ou du moins à en limiter les conséquences. Ce sont justement les solutions qui suscitent le plus de questions. Par ailleurs, il y a ce qu’on appelle les recouvrements statiques. Ceux-ci peuvent être réalisés en bois ou en plastique. La méthode de travail est simple: la fosse est recouverte et rouverte lors de l’utilisation. Bien entendu l’attrait de ce genre de solutions dépendra fortement de l‘utilisation de la fosse en question. Si de fréquentes ouvertures et fermetures sont exigées, cela ne sera peut-être pas le choix le plus indiqué. De plus, ce n’est pas sans risque lors de la mis en place.

Profil en accordéon

Très en vogue sont les systèmes avec ce qu’on appelle un profil en accordéon. Si le système est ouvert, ils coulissent l’un sur l’autre. Et lors de la fermeture, ils assurent un recouvrement sur toute la longueur de la fosse. Cet étirement est possible par des rails qui sont placés précisément sur toute cette longueur. Dans le cas idéal, ceci est prévu lors du placement de la fosse, mais c’est adaptable sur toute fosse existante. Si l’ouverture manuelle n’est pas non plus compliquée (il suffit d’exercer une force de 15 kg), il existe toutefois des systèmes électriques et pneumatiques sur le marché. Plus récents sont des systèmes qui s’ouvrent automatiquement au moment où un véhicule roule au-dessus de la fosse.

Esthétique et poids

Le prix joue toujours un rôle dans le choix opéré. Et comme relevé: l’utilisation de la fosse de travail est également un facteur. Parfois l’esthétique joue aussi. Un recouvrement qui se remarque à peine donne une toute autre vue sur l’atelier. La capacité joue aussi. Pouvoir se tenir debout/marcher sur une fosse recouverte est un grand avantage. Mais dans certains cas, il sera nécessaire de devoir aussi rouler par-dessus. En d’autres termes, la force portante de la fosse recouverte est également un élément qui joue ou doit jouer un rôle dans la décision d’opérer un choix sécuritaire.