Éviter les obstacles à l'automatisation
Comment déterminer la technologie de production la plus appropriée pour mon entreprise? C'est la question à laquelle tout le monde est confronté, de nos jours. On a l'impression que des dizaines de technologies arrivent à maturité en même temps mais en général, le budget est loin d'être suffisant pour introduire tous ces concepts. Il faut donc faire des choix, mais comment s'assurer de ne rien négliger?

De nombreuses entreprises sont confrontées à cette question au quotidien
Efficacité
Cela fait déjà un certain temps que les entreprises aspirent à utiliser des ressources limitées pour atteindre leurs objectifs de la manière la plus efficace possible. Cependant, nous constatons aujourd'hui que cela devient de plus en plus difficile. Cela s'explique par le déploiement des diverses techniques que nous observons actuellement. Petit florilège: robots, cobots, vision par ordinateur, AGV, IHM... on a l'impression que toutes ces facettes arrivent aujourd'hui à maturité en même temps.
Celui qui souhaite implémenter une technologie pour travailler plus efficacement peut analyser et/ou préparer 6 grandes étapes:
- Examiner la meilleure façon d'implémenter la technologie, sur base d'applications dans d'autres entreprises ou de dispositifs d'essai qui peuvent être évalués
- Déterminer le niveau de maturité de la technologie: cela vaut-il la peine d'attendre un peu?
- Organisation: mon organisation du travail est-elle adaptée à cette nouvelle technologie?
- Pilier humain: quelles formations faut-il prévoir, quels sont les profils et compétences nécessaires?
- Examiner si la technologie peut effectivement atteindre les objectifs proposés (délais de livraison, exigences de qualité)
- Elaborer un plan stratégique pour accompagner l'introduction.

Trois témoignages
Céline Coupain est responsable R&D chez Burnsen, un fabricant d'appareils de production d'eau chaude sanitaire. L'entreprise est spécialisée dans la fabrication d'appareils en acier inoxydable. Les obstacles auxquels elle a été confrontée au début de l'année 2010 seront sans doute familiers pour beaucoup: "A partir de ce moment-là, il nous a été de plus en plus difficile de produire les grandes séries de pièces à bas prix dans nos locaux. Cela a entraîné en 2015 une réorganisation, qui nous a recentrés sur les petites séries où nous pouvions apporter plus de valeur ajoutée. Cela signifiait qu'il fallait disposer d'un parc de machines moderne et flexible. C'est pourquoi nous avons réalisé des investissements ciblés dans des technologies telles que l'automatisation et la robotisation. Ainsi, nos activités dans le département de tôlerie ont été automatisées, tandis que le département de soudage a été fortement robotisé."

Pour d'autres, leur plus grand avantage est la précision de répétition
Gaël Quettier est directeur général de Dumoulin Aero. Les produits de cette société sont principalement utilisés dans l'industrie aéronautique. Ses pièces métalliques se retrouvent dans des noms connus tels que Airbus, Embraer et Bombardier. Son approche a été totalement différente: "Notre transition était principalement due à la difficulté de trouver du personnel technique qualifié. En région liégeoise, il y a beaucoup de concurrence pour les profils d'opérateur technique. Cela aussi constituait un obstacle pour nous. Notre carnet de commandes était plein, mais il faut aussi avoir la capacité de tenir ses promesses. Nous voulions une solution à ce problème et nous avons trouvé la réponse dans la numérisation et la robotisation. Cela ne veut pas dire que nous ne continuons pas à rechercher des profils. En effet, nous continuons à recruter. En fait, c'est même dû à l'investissement dans la technologie. Je prends l'exemple de la robotisation. Grâce à la précision et à la répétabilité, on obtient des produits de qualité constante et élevée, avec des tolérances très strictes. Cela débouche sur des clients satisfaits et donc davantage de commandes."
Jean Philippe Moutschen est directeur de Mobic. Cette entreprise fabrique des structures en bois pour un large éventail d'applications: halls industriels, bâtiments touristiques, bâtiments publics, etc. Pour Moutschen, la réduction des coûts de production a été la principale raison de l'investissement: "Avec nos éléments en bois, nous sommes en concurrence avec les produits en béton. Ces structures ont une certaine taille et un certain volume, mais elles étaient autrefois fabriquées et traitées manuellement. Nous voulions automatiser certaines étapes afin de rester compétitifs, car cela nous permettrait d'éviter les erreurs et de travailler avec une précision et une répétabilité minutieuses, comme nous l'avons mentionné précédemment. Toutefois, je dois ajouter que nous ne travaillons pas avec une solution toute faite, mais avec une solution robotique spécifiquement adaptée. Cela nous permet non seulement de produire à moindre coût, mais aussi de produire plus rapidement. De plus, nous avons même pu accéder à de nouveaux marchés, comme la production de panneaux avec isolation."
Obstacles
Investir dans la technologie n'est pas toujours une partie de plaisir. Tous ceux qui y sont confrontés au quotidien le confirmeront. Pour Gaël Quettier, il est déconseillé d'être trop pressé: "Il ne faut pas se jeter à corps perdu dans un projet, il faut bien réfléchir. Par exemple, nous avons travaillé avec MecaTech pour déterminer l'impact de notre investissement. Ils nous ont convaincus d'installer un robot qui était juste un peu mieux que la solution de base que nous avions en tête. En outre, il faut veiller à ce que le personnel soit impliqué dans le projet dès le début. Ceux qui sont convaincus des avantages d'un changement seront motivés pour faire en sorte que l'introduction se déroule au mieux."
"Un autre obstacle est de nature un peu plus macro-économique. Nous produisons à 100% pour le secteur de l'aviation et sommes donc directement dépendants des ventes mondiales d'avions. Inutile de dire l'impact que le Covid-19 a eu sur ces ventes et donc sur notre chiffre d'affaires. Cela a également des conséquences sur le calendrier et la faisabilité des investissements."
Jean-Philippe Moutschen convient de l'importance du personnel dans ce type d'investissement: "Si les employés sont soudain accompagnés par un robot sur leur lieu de travail, l'impact n'est pas à sous-estimer. Cependant, nous avions deux grands avantages: le projet a été réalisé par nos propres employés, donc par des visages familiers pour les travailleurs. Ensuite, nous avons dispensé une formation complète et approfondie afin que les travailleurs passent du statut d'ouvrier de production à celui d'opérateur de machines. Ils ont ainsi un plus grand impact sur le contenu de leur travail, ce qui contribue également à l'acceptation des robots sur le lieu de travail."
"Je tiens aussi à mentionner qu'il faut que toutes les parties concernées regardent dans la même direction. La partie qui supervise l'automatisation doit comprendre à 100% quel est notre objectif, quel est notre produit et ce dont nous avons besoin. D'autre part, nous devons nous aussi essayer de comprendre comment elle travaille, fixer des objectifs réalistes et bien communiquer nos attentes."

Céline Coupain souligne un autre point d'attention: "Il faut non seulement que votre projet d'automatisation soit bien pensé mais aussi que tous les processus périphériques soient bien alignés sur celui-ci. Dans notre cas, par exemple, l'arrivée des robots de soudage s'est accompagnée du passage de grandes séries à plusieurs petites séries. Cependant, cette plus grande diversité de produits s'accompagne de besoins différents en matière de flux de production et de planification. Combiner flexibilité et automatisation n'est et ne sera jamais une tâche facile."