Les ventes de robots industriels en tête de la relance économique

C'était écrit, et c'est à présent une réalité: la robotique joue un rôle important dans la relance au lendemain de la pandémie de Covid-19. C'est ce qui ressort des chiffres récemment publiés par la Fédération internationale de la robotique (International Federation of Robotics ou IFR). Malgré une année 2020 catastrophique, les ventes mondiales sont restées presque stables et tous les signaux pour cette année sont au vert.

Comparaison des chiffres internationaux

-2%. C'est le résultat final global des ventes de robots industriels. Dans des circonstances normales, cela ferait sourciller en raison - encore une fois - d'un résultat négatif. Aujourd'hui, si ce chiffre fait réagir, c'est parce que justement, le résultat était étonnamment meilleur que l'annus horribilis de 2020. Une baisse de cet ordre n'est pas trop mauvaise, d'autant plus que les ventes de robots industriels viennent d'afficher une baisse plus importante (-12%) en 2019. En outre, l'optimisme semble se maintenir en 2021 et au-delà, puisque l'OCDE prévoit une croissance du PIB mondial de 5,5% en 2021 et de 4% en 2022.

Reste à voir dans quelle mesure les perspectives macroéconomiques se traduiront par des chiffres de vente concrets, mais d'ores et déjà, les commandes de l'industrie robotique pour 2021 permettent d'espérer une forte croissance en Amérique du Nord et en Europe. Les carnets de commande aux États-Unis, par exemple, se remplissent rapidement. En Allemagne, les prévisions pour l'année en cours montrent une forte reprise et représentent un tournant positif pour l'industrie. Des chiffres de vente encore meilleurs pourraient être atteints si les goulets d'étranglement actuels dans la chaîne d'approvisionnement de composants clés peuvent être rapidement résolus. L'électronique et les pièces métalliques en particulier restent difficiles à fournir, ce qui fait grimper les prix à une vitesse vertigineuse. Reste à voir si cela entachera l'optimisme ambiant.

Le cobot continue de gagner du terrain

Les robots font l'objet d'une grande attention depuis plusieurs années, y compris dans nos pages. Cette attention a longtemps été disproportionnée par rapport à sa part dans les ventes totales de robots, mais la progression est bel et bien en cours. Le bureau d'études spécialisé ABI prévoit une croissance annuelle d'environ 10% au cours de cette décennie, ce qui signifie que la part des cobots dans les ventes totales devrait atteindre 30% en 2030.

"L'automatisation est non seulement la clé de la reprise,
mais aussi de la croissance et du progrès"

Quand l'industrie rattrapera-t-elle son retard?

Mais il y a encore une grande marge de croissance pour le robot industriel traditionnel. C'est ce qu'affirme Milton Guerry, président de la Fédération internationale de la robotique: "L'automatisation est non seulement la clé de la reprise post-pandémie, mais aussi de la croissance et du progrès au lendemain de la crise. Lors du rebondissement qui a suivi la crise financière de 2008, des entreprises comme General Motors, Ford, Fiat-Chrysler et Tesla ont investi massivement dans la robotique et l'automatisation. En conséquence, des milliers de nouveaux emplois ont été créés dans l'industrie automobile. Tant d'années et de progrès technologiques plus tard, nous avons l'occasion de tirer les leçons de cette réussite et d'en sortir encore plus forts qu'avant."

En effet, le constat est sans appel: la densité de robots dans l'industrie générale est encore relativement faible, avec seulement 139 unités pour 10.000 employés. Si l'on compare ces chiffres à ceux de l'industrie automobile - 1287 pour 10.000 employés - il apparaît clairement que, dans tous les pays étudiés, le potentiel d'installations de robots dans l'industrie générale reste tout simplement énorme. Aux États-Unis, les commandes annuelles de robots provenant de secteurs autres que l'automobile ont dépassé pour la première fois les commandes de robots provenant de l'automobile. Les ventes d'unités de robots aux États-Unis y ont augmenté de 7% en 2020 par rapport à 2019. Dans le même temps, les commandes dans le secteur des biotechnologies ont augmenté de 72%, celles dans le secteur de l'alimentation et des biens de consommation de 60%. Les plastiques et le caoutchouc ont connu une augmentation de 62%. Attendons de voir si cette tendance se manifestera également dans notre secteur.

Les robots acquièrent de nouvelles compétences

Certaines évolutions remarquables expliquent cette popularité croissante. Par exemple, les logiciels d'intelligence artificielle combinés à des systèmes de vision et autres systèmes de détection permettent aux robots de maîtriser des tâches difficiles. Les nouvelles générations de robots sont plus faciles à installer et à programmer, et ils sont connectables. Les progrès réalisés en matière de protocoles de communication permettent d'intégrer parfaitement les robots dans les stratégies d'automatisation et d'industrie 4.0.
L'industrie automobile a été pionnière en matière de solutions d'usines intelligentes utilisant des robots industriels. Ils travaillent sur les chaînes de montage qui dominent la production automobile traditionnelle depuis plus de 100 ans. Mais combien de temps cela va-t-il durer?

L'avenir semble plutôt s'orienter vers une interaction entre les robots et les véhicules à guidage autonome - ou plutôt les robots mobiles autonomes (AMR). Équipés des dernières technologies de navigation, ces robots mobiles sont beaucoup plus flexibles que les lignes de production traditionnelles. Si nous greffons cela sur l'automobile, cela pourrait être une révolution après tout. La production peut être transportée sur des systèmes de transport sans conducteur, et non plus sur une chaîne de montage fixe. Ils peuvent facilement être envoyés vers des stations d'assemblage où sont fabriquées des variantes équipées individuellement. En cas de changement de modèle, seuls les robots et les AMR doivent être reprogrammés, le démantèlement et la réingénierie de l'ensemble de la ligne de production n'est plus un problème. Les fonctionnalités de sécurité de plus en plus performantes font partie des prochaines étapes du développement de cette méthode de travail.

Les robots pénètrent de nouveaux marchés

Les avancées en matière de connectivité contribuent également à une plus grande adoption des robots dans les secteurs manufacturiers qui n'ont que récemment adopté la robotisation, tels que l'alimentation et les boissons, les textiles, les produits en bois et les plastiques. La transformation numérique en cours conduira à des modèles d'entreprise entièrement nouveaux, les fabricants pouvant se diversifier plus facilement que jamais. Dans l'usine intelligente, différents produits sont assemblés séquentiellement par le même équipement - la ligne de production traditionnelle n'existe plus. Dans cette optique, il y a certainement une place pour les robots.

Réduire l'empreinte écologique

La voie mondiale vers la neutralité climatique génère de nouvelles opportunités. Afin d'atteindre les objectifs climatiques ambitieux, les efforts en matière de sources d'énergie renouvelables et de technologies environnementales sont intensifiés à un rythme sans précédent.

La robotique et l'automatisation peuvent jouer un rôle clé à cet égard. Selon l'IFR, les robots permettent aux entreprises de toutes tailles de produire les composants nécessaires, tels que les piles à combustible pour les voitures à hydrogène ou les batteries dans le secteur des transports et les panneaux solaires dans le secteur de l'énergie. La nouvelle génération de robotique conviviale permet d'optimiser les performances du processus de production et de rapprocher la production du marché régional à des coûts compétitifs.

"Les avantages d'une productivité accrue garantissent les emplois"

"La robotique est une technologie flexible qui permet d'adapter la production rapidement et de répondre aux changements de la demande et aux lots de plus petite taille", a déclaré le président Milton Guerry. "Les avantages d'une productivité accrue garantissent les emplois en maintenant la compétitivité des entreprises."

Les robots contribuent à sécuriser les chaînes d'approvisionnement

Enfin, l'IFR estime que les robots peuvent également contribuer à la relocalisation - et donc à la sécurisation de nos processus de fabrication, par exemple en cas de pandémie.

"L'automatisation des robots offre productivité, flexibilité et sécurité"

"La situation de pandémie a mis en évidence la faiblesse des chaînes d'approvisionnement mondialisées. Aujourd'hui, les fabricants s'interrogent sur ce qu'ils peuvent faire pour réorienter leurs offres de fournisseurs. Lorsque la productivité est égalisée entre les différents pays grâce à l'automatisation, les fabricants ont alors toutes les cartes en main pour produire localement. La robotique est donc synonyme de productivité, de flexibilité et de sécurité", conclut Milton Guerry.