Le nouveau règlement sur les machines apporte son lot de changements
La nouvelle réglementation européenne a des conséquences considérables pour toutes les parties concernées par une machine
Dans un an et demi, la nouvelle réglementation européenne sur les machines entrera pleinement en vigueur. L'actuelle directive "Machines" expirera le 20 janvier 2027. La différence entre les deux est importante, ne serait-ce que parce que le règlement s'applique à l'ensemble de l'UE et que les gouvernements nationaux n'ont plus la possibilité d'ajouter leurs propres règles à la directive européenne.
C'est l'une des raisons pour lesquelles l'Union européenne a décidé de remplacer la directive Machines 2006/42/CE. L'UE souhaite de plus en plus créer un marché commun européen unique, au sein duquel il devrait être plus facile de commercialiser des machines. L'actuelle directive "Machines" fixe un objectif (accroître la sécurité); la manière dont les pays le mettent en œuvre dans leur législation nationale est laissée à leur discrétion. Il peut donc y avoir des différences entre les pays. Avec le nouveau règlement, la Commission européenne met fin à cette situation, car selon les règles européennes, un règlement s'applique immédiatement après son entrée en vigueur dans tous les États membres de l'UE. Les gouvernements nationaux ne doivent rien adapter, les règles de Bruxelles s'appliquent de la même manière dans tous les pays de l'UE à partir du 20 janvier 2027.
Le règlement "Machines" contribue à rendre les machines plus sûres et à rendre leur utilisation plus sûre. En abordant la cybersécurité et l'IA dans la nouvelle réglementation, celle-ci est plus en phase avec l'époque actuelle
Période de transition
Cela crée des ambiguïtés dans la période de transition actuelle, car le nouveau règlement "Machines" est entré en vigueur il y a deux ans. D'un point de vue juridique, la période entre l'entrée en vigueur et la prise d'effet est une période de transition au cours de laquelle les deux règles coexistent. En principe, un fabricant peut décider de construire ses machines en pleine conformité avec les nouvelles règles dès aujourd'hui. Mais il n'est pas exclu qu'une nouvelle machine ne soit pas conforme dans un État membre de l'UE tant qu'elle n'est pas conforme à la législation actuelle.
Un exemple simple est celui du manuel. En vertu de la nouvelle réglementation, les fabricants sont autorisés à le mettre à disposition sous forme numérique. Toutefois, un gouvernement national peut continuer à exiger un manuel papier. Dans ce cas, le constructeur de machines est toujours tenu de s'y conformer.
Manuel via un code QR
L'une des différences entre les machines conformes à l'ancienne directive "Machines" et la nouvelle réglementation que l'utilisateur constatera immédiatement concerne le manuel. Jusqu'à présent, le fabricant était tenu de le fournir sur papier avec la machine. Cette obligation sera abandonnée. Les utilisateurs qui le demandent doivent continuer à recevoir gratuitement le manuel papier. Mais le fabricant peut également mettre le manuel à disposition sous forme numérique, dans un format que l'utilisateur peut imprimer lui-même. Cela est même autorisé au moyen d'un code QR qui renvoie à un site web où le manuel est directement visible et peut être téléchargé. La plaque CE doit indiquer où l'on peut trouver le manuel numérique. Et il doit y rester disponible pendant au moins 10 ans.
Uniformité des règles
L'uniformité et la transparence accrues ne sont pas les seules raisons pour lesquelles l'UE a décidé de remplacer la directive "Machines" après 18 ans. L'une des principales raisons est que le rôle des logiciels dans les machines s'est considérablement accru. À cela s'ajoute désormais le rôle de l'intelligence artificielle (IA). C'est là que la directive "Machines" de 2004 n'a pas été à la hauteur.
C'est là que le nouveau règlement a un impact significatif. Bientôt, si une mise à jour logicielle affectant la sécurité ou la fonctionnalité de la machine est mise en œuvre et que, de ce fait, la machine ne satisfait plus à l'évaluation initiale, une nouvelle déclaration de conformité devra être délivrée. Le fabricant doit à nouveau suivre la procédure. Il en va de même si la machine acquiert des fonctions qui n'existaient pas auparavant.
Si la mise à jour du logiciel - ou l'introduction de l'intelligence artificielle - provient du fabricant d'origine, il doit le faire. Mais - et c'est là que ça devient passionnant - si l'utilisateur ou un tiers modifie le logiciel avec une mise à jour non certifiée, l'utilisateur ou l'installateur doit alors procéder à l'évaluation de la conformité s'il s'agit d'une modification substantielle.
Toute personne qui modifie la fonctionnalité ou la sécurité d'une machine après une mise à jour logicielle peut être amenée à effectuer une nouvelle évaluation complète de la conformité
Il convient de noter qu'il s'agit de modifications qui affectent la sécurité de la machine. Le règlement est clair à ce sujet: "substantiel" signifie que la modification physique ou numérique, après la mise sur le marché de la machine, crée un nouveau danger ou risque ou augmente un risque existant. Cela s'applique même si l'utilisateur effectue lui-même cette modification.
La question est de savoir comment cela sera interprété à l'avenir avec l'avènement des agents d'intelligence artificielle. Ceux-ci sont de plus en plus souvent proposés sur des plateformes où l'utilisateur peut les sélectionner et les utiliser lui-même ou non. Seront-ils alors toujours en mesure d'évaluer correctement le changement de risque?
Par ailleurs, certaines entreprises écrivent leur propre logiciel pour leurs machines. Celles-ci doivent être conscientes de cette nouvelle exigence.
Par ailleurs, le nouveau règlement stipule clairement que c'est le fabricant qui fixe les limites de sécurité. Si des modifications logicielles changent ces limites et entraînent une situation dangereuse, cela est interdit. Et: dans le carnet de bord de la machine, l'inspection doit pouvoir remonter jusqu'à cinq ans en arrière pour voir quelles mises à jour logicielles ont été effectuées et par qui.

Les cobots sont considérés comme des machines semi-autonomes et figurent donc sur la liste des machines à haut risque. Avant d'entrer sur le marché, ils doivent être approuvés par un organisme accrédité
Lien avec la réglementation sur l'IA
L'UE a établi un lien clair entre le règlement sur les machines et le règlement européen sur l'IA (UE 2024/1689), qui est entré en vigueur l'année dernière. Ce règlement sur l'IA est fondé sur le risque. Les systèmes d'IA considérés comme présentant un risque élevé doivent faire l'objet d'une procédure de conformité stricte avant d'être autorisés sur le marché. Pensez, par exemple, aux robots autonomes, tels que les robots humanoïdes.
Il est également important de noter que les dispositifs de sécurité basés sur des logiciels et commercialisés en tant que tels sont considérés comme des composants de sécurité. Il faut donc passer par la procédure de déclaration de conformité.
Liste des machines à haut risque
Une liste de machines à haut risque a été ajoutée au règlement. Celles-ci doivent toujours être inspectées et certifiées par un organisme accrédité. Cette liste comprend six catégories, dont les machines à commande numérique par réseau (le piratage d'une telle machine peut compromettre la sécurité), les machines dotées de composants de sécurité critiques et les machines fonctionnant dans des applications critiques dont la défaillance pourrait avoir de graves conséquences sur la sécurité.
Les machines autonomes et semi-autonomes constituent une catégorie qui est désormais explicitement classée parmi les machines à haut risque. La musique du futur est-elle une machine (semi-)autonome? Non, car un cobot entre également dans cette catégorie. Ceux-ci doivent donc être certifiés par un organisme d'accréditation agréé avant de pouvoir entrer sur le marché de l'UE. Les fabricants ne seront bientôt plus autorisés à délivrer leur propre déclaration de conformité pour le cobot. Il s'agit peut-être d'un point auquel il convient de prêter attention alors que le marché sera bientôt inondé de robots humanoïdes.

Si la sécurité d'une machine change radicalement, par exemple en raison de l'automatisation, la procédure de déclaration de conformité doit être réexaminée
La cybersécurité doit être en place
Une quatrième raison de remplacer l'ancienne directive "Machines" est qu'elle ne fournissait aucune orientation en matière de cybersécurité. Bien entendu, cet aspect prend de plus en plus d'importance et l'UE élargit également sa réglementation dans ce domaine. Dans ce domaine, le nouveau règlement sur les machines attribue clairement la responsabilité au constructeur de la machine.
Dès qu'une machine est ou peut être connectée à l'internet, le fabricant doit garantir des mesures de cybersécurité adéquates. Aucune personne non autorisée ne doit avoir accès au logiciel de la machine. Les échanges de données entre la machine et le réseau doivent être cryptés.
La législation répond ainsi à la numérisation croissante et au concept Industrie 4.0 dans lequel de plus en plus de travail est effectué dans des réseaux cyber-physiques, des machines physiques reliées à un réseau numérique.
Un point à noter est que la nouvelle réglementation fait reposer la responsabilité de la cybersécurité sur deux parties. Le fabricant doit effectuer l'analyse des risques liés à la cybersécurité. Il doit ensuite consigner de manière structurée la façon dont ces risques sont couverts par des mesures. Les distributeurs et vendeurs, quant à eux, sont responsables si la machine n'est pas conforme sur ce point. Sur ce dernier point, le nouveau règlement diffère fondamentalement de la directive actuelle. Dans le nouveau règlement, les rôles de chacun - fabricant, mandataire, importateur et distributeur - sont plus clairement définis. Les revendeurs deviennent directement responsables en vertu du nouveau règlement si la machine ne répond pas aux exigences de sécurité et de conformité. Il en va de même pour la cybersécurité.

Le nouveau règlement sur les machines fixe des exigences strictes en matière de cybersécurité des machines. Le revendeur est directement considéré comme responsable si la machine n'est pas en ordre
Une date d'entrée en vigueur difficile
Le nouveau règlement sur les machines (UE) 2023/1230 est déjà entré en vigueur, mais il prendra pleinement effet le 20 janvier 2027. À compter de cette date, l'actuelle directive "Machines" expirera pour de bon. Les fabricants, importateurs et distributeurs de machines doivent savoir que les nouvelles règles s'appliqueront à toutes les machines mises sur le marché de l'UE à partir du 20 janvier 2027. Même les machines produites avant cette date qui peuvent être stockées quelque part dans les locaux de l'importateur ou dans un port, dans l'attente d'un acheteur. Les fabricants commenceront à anticiper la date du 20 janvier 2027 dès que possible l'année prochaine pour éviter les problèmes. Sinon, ils se retrouveront avec des machines pour lesquelles ils devront émettre une nouvelle déclaration de conformité.
À partir du 20 janvier 2027, toutes les nouvelles machines commercialisées sur le marché européen devront être conformes à la réglementation plus stricte, sans mesures transitoires